La fièvre : mieux la comprendre pour mieux l’accompagner

Dans cet article, je vais essayer d’expliquer le plus simplement possible le processus de la fièvre ainsi que ses bénéfices mais aussi ses limites.

Comme vous le savez déjà certainement, la température idéale d’un organisme en bonne santé est de 37°C.  Pourquoi idéale ?  Parce que c’est à cette température que les organes fonctionnent le mieux et que les transformations biochimiques du corps se font le plus facilement.

Néanmoins, au cours de la journée et selon nos activités, celle-ci varie naturellement.  Elle est plus basse après une nuit de repos et peut monter davantage après avoir mangé un repas copieux arrosé d’alcool ou encore après avoir fait du sport par exemple.  Jusque-là, ça ne nous tracasse pas.  Mais il n’en est pas de même quand nous avons une hyperthermie provoquée par une maladie…  Pour la plupart d’entre nous, on se met à paniquer et à vouloir faire tomber cette température coûte que coûte.  C’est normal car on sait que ça peut être dangereux.  Mais ce qu’on oublie alors, c’est l’importance du rôle de cette hausse de température.  Laissez-moi vous expliquer…

Pour mieux comprendre la fièvre

Imaginez-vous comme le seigneur d’un château magnifique.  Ce château si beau et si bien construit est forcément la convoitise de personnes mal intentionnées.  Comme tout seigneur qui veut le protéger, vous avez engagé des soldats qui assurent sa protection ainsi que des armes à leur donner en cas d’attaque.  Chacun a un rôle bien défini et un moyen d’action spécifique pour neutraliser l’ennemi s’il y a lieu.  Un jour arrive des bandits qui veulent piller le château et vous le voler.  Quand vous êtes mis au courant qu’ils sont déjà dans l’enceinte, que faites-vous ?  Vous commandez vos soldats d’aller immédiatement au combat, quitte à en payer de leur vie.

Dans cette histoire, le château, vous l’aurez compris, c’est votre corps.  Ce corps qui doit être maintenu en bonne santé pour pouvoir vivre le plus longtemps possible.  Et les soldats ?  Ce sont toutes les défenses qui constituent votre système immunitaire, en ce compris :

  • les macrophages et microphages : fidèles défenseurs qui tuent leurs ennemis en les mangeant ;
  • les lymphocytes T et K : soldats très courageux qui vont au combat rapproché pour les empoisonner et les dissoudre ;
  • les lymphocytes B : ceux qui analysent et agissent à distance en mettant en place des moyens spécifiques pour les neutraliser (via la production d’anticorps).

Vous disposez donc d’une bonne armée…  Mais que vaudrait-elle si elle restait cachée dans une cave du château ?  Que feraient ces brigands pendant tout ce temps ?  Non, il faut qu’ils aillent au combat bien sûr.  Ils courent donc dans les couloirs du château, ils s’élancent dans les ruelles pour aller défendre vaillamment leur seigneur.

Eh bien, c’est exactement ce que fait votre corps une fois qu’il a été alerté du foyer infectieux.  Il envoie ses macrophages, microphages, lymphocytes K et T à cet endroit pour anéantir l’ennemi.  Comment ?  En accélérant tout simplement la vitesse de circulation de ses soldats dans les vaisseaux via le sang (et la lymphe).  Pour cela, les muscles se contractent mais surtout votre cœur bat plus vite, produisant indirectement de la chaleur.

Après avoir courageusement combattu, vos soldats ont finalement gagné !  L’ennemi est anéanti.  Cependant, avec toute cette bataille, votre château est sens dessus dessous.  Il y a des blessés, des morts, des dégâts qui jonchent les ruelles et les couloirs.  Il va falloir tout nettoyer et évacuer.  On brûle alors ce qui peut l’être, on rassemble les déchets et les évacue en-dehors…  Bref, on fait le grand ménage pour que le château soit à nouveau un endroit où il fait bon vivre.

C’est ce qui se produit indirectement dans le processus de fièvre.  Comme tous les organes sont interconnectés, si un modifie son « comportement », les autres doivent suivre !  C’est ainsi que comme le cœur a accéléré son rythme, la respiration s’est aussi accélérée via les poumons.  Mais aussi le foie, les reins ainsi que les glandes de la peau ont été obligés d’intensifier leur activité de filtrage.  De cette façon, il y a eu une bonne oxygénation du sang et une élimination plus rapide du gaz carbonique et des autres déchets.  Avec tout ce mouvement à l’intérieur du corps, vous comprendrez qu’une élévation (parfois forte) de température est inévitable et même bénéfique.  En effet, elle brûle littéralement les déchets et poisons qui circulent dans le sang pour ainsi le purifier.

fièvre

Pour résumer, il y a donc 3 phases de fièvre :

  • sa mise en place : les microbes se multiplient lentement (mais pas toujours), tout comme les déchets qu’ils produisent.  Pour reprendre la métaphore du château, les ennemis attendent une brèche, la trouvent et s’infiltrent petit-à-petit.  Cela fait plus de monde dans les rues du château et donc plus de déchets.  Aussi, ils guettent pour élaborer leur stratégie et la mettent progressivement en place.  Quant aux défenses, elles sont d’abord plus généralisées, le temps que la nature exacte des agresseurs soit identifiée et que les moyens pour y réagir soient lancés.
  • le pic : à ce moment, nous sommes au cœur du combat.  Les ennemis attaquent et les soldats se défendent de diverses manières.  Dans notre corps, les agresseurs sont identifiés et les moyens mis en place pour les supprimer.  La température est au plus haut afin de « brûler » correctement les microbes, les poisons et les déchets pour les éliminer complètement.
  • la chute de la température : la bataille est terminée et il faut tout nettoyer. C’est pour cette raison qu’on peut assister à une forte élimination des toxines par la peau, les urines, les voies respiratoires et le tube digestif.  Tous sont mis à contribution pour nettoyer le corps au plus vite et faire en sorte que tout rentre dans l’ordre.

Plus haut dans l’article, je vous ai décrit une fièvre dont la cause est microbienne.  C’est la plus connue.  Elle vient de virus, bactéries, champignons, …  Mais les causes de la fièvre peuvent être différentes.  En effet, elle peut aussi être due à un empoisonnement, un contact avec des allergènes, la présence de cellules cancéreuses ou encore la suralimentation et l’épuisement physique.  Dans ces cas, les mêmes phénomènes auront lieu si ce n’est qu’en général, le système immunitaire (le système de défense) aura une action plus modérée.  C’est principalement la destruction des déchets, leur élimination et l’intensification générale des activités du corps qui seront la cause de la fièvre.

Ses bienfaits et limites

Comme le disait Hippocrate : « La fièvre est un des plus puissants moyens de guérison employé par la nature ».

En effet, nous avons pu voir qu’elle permet d’accélérer le transport des « défenseurs » sur le lieu d’infection, de brûler les toxines et de les éliminer, et par conséquent, de stimuler le système immunitaire.

Saviez-vous que les microbes prospèrent mieux aux environs de 37°C ?  En revanche, une température allant de 38°C à 40°C nuit à leurs conditions de vie.  Ils sont alors fortement affaiblis et moins capables de se multiplier.  Aussi, la fièvre permet de nettoyer le terrain, et les microbes, eux, aiment vivre et se reproduire dans un terrain surchargé de déchets (comme les moustiques près des eaux stagnantes).

C’est pour les bienfaits qu’elle apporte qu’une fièvre ne doit donc pas être « coupée » inconsidérément.  Ce serait comme vouloir guérir et refuser les moyens proposés pour y arriver !  Ça ne veut pas dire pour autant qu’il faut la laisser monter sans rien faire, mais bien l’aider, faciliter son évolution, soutenir le système immunitaire et parfois la freiner pour que le malade reprenne des forces.

C’est ainsi que nous en arrivons à une des limites de la fièvre : l’épuisement du malade.  En effet, si elle est trop forte ou si elle dure trop longtemps, l’effort demandé par le corps risque de ne plus pouvoir être soutenu.  Alors à partir de quel moment intervenir ?  Il n’y a pas de bonne réponse à cette question car tout le monde supporte la fièvre à sa façon et selon la maladie à laquelle il fait face.  Toujours est-il qu’il existe des moyens naturels et efficaces pour abaisser la fièvre tout en ne la coupant pas (ou pour la faire mûrir si besoin).  Elle remontera sûrement après quelques temps mais à des sommets parfois moins hauts que précédemment.  La fièvre alterne alors entre des périodes d’activité intense et des périodes de « repos » qui permettent au malade de faire sa fièvre mais à un rythme plus supportable pour lui.

Enfin, gardez à l’esprit que si la fièvre s’accompagne de douleurs intenses, de spasmes, de délires ou de violents maux de tête, une intervention rapide s’impose de toute façon.

Pour conclure, j’espère que vous aurez mieux compris que la fièvre se développe en réaction à une menace extérieure pouvant nuire au bon fonctionnement du corps et à sa survie.  Elle va permettre de neutraliser et d’éliminer ce qui représente un danger pour lui.  Par conséquent, on ne doit pas chercher à la faire baisser à tout prix mais à la surveiller, l’accompagner et la contrôler.

Si cet article vous a plus et que vous désirez approfondir le sujet, sachez que le livre « La fièvre, une amie à respecter » de Chrisopher Vasey est très bien ficelé et expliqué.  Vous pouvez cliquer sur l’image ci-dessous pour y accéder.

Ultérieurement, je reviendrai plus en détail sur la manière de mesurer correctement la fièvre ainsi que sur le pourquoi de la contrôler naturellement.  Je vous ferai part aussi de quelques moyens naturels qu’on peut utiliser pour la tempérer.

D’ici là, portez-vous bien 😉

 

Nota : Les conseils donnés ici n’entendent pas se substituer aux soins et au suivi d’un thérapeute compétent.  Certaines fièvres peuvent cacher une dangereuse infection.

 

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